Historique

De l’ALPAPS à Special Olympics Luxembourg (un parcours de 1977 à 2004) ou l’histoire du sport pour handicapés mentaux à Luxembourg.

Les pionniers: Le sport pour personnes handicapées mentales au Grand-Duché est et reste, aujourd’hui plus que jamais influencé par le mouvement international “Special Olympics”. Les origines du sport organisé pour ce groupe cible, souvent et longtemps défavorisé, se trouvent à Paris, et plus précisément à Versailles. Les Jeux Olympiques Spéciaux de la F.A.V.A. (French American Volunteer Association) deviennent le vrai détonateur, lorsque l’édition de 1976 accueille, en tant qu’observateur, un petit groupe d’éducateurs du Centre de Réadaptation de Capellen. L’impression est telle qu’on prépare de suite une première participation luxembourgeoise aux Jeux suivants. Le succès de cette première est renversant (16 médailles pour 16 participants) et fait effet de boule de neige. C’est le départ d’une grande aventure et en 1978 le petit groupe réalise déjà deux déplacements à l’étranger, avec des participations à Madrid et Versailles. Le tout suivi d’une grande réception, avec entre autre le seul médaillé olympique luxembourgeois, Josy Barthel. Le vrai départ. Le virus est définitivement contracté. L’idée est prise de continuer sur la voie empruntée. Il s’agira désormais de dépasser le cadre limité du Centre, le berceau du nouveau club sportif.

L’enthousiasme est tel que d’autres personnes sont sensibilisées à collaborer et le 19 février 1979 à lieu l’assemblée constituante de l’Association Luxembourgeoise pour la Pratique des Activités Physiques et Sportives des Personnes Inadaptées et Handicapées Mentales (A.L.P.A.P.S.- Sport mat Suergekanner). Le club nouvellement créé, et admis tout de suite au sein de la Fédération Sportive Luxembourgeoise des Handicapés (F.S.L.H.), met les bouchées doubles et organise dès les premiers mois de son existence le 1. Challenge Camille Dupont à Ettelbrück et une 1. Fête sportive internationale à l’INS. Les activités se développent et on passe des week-ends de préparation sporadiques aux entraînements hebdomadaires. L’objectif est clair et vise une pratique régulière des activités sportives avec des antennes à Ettelbrück et Walferdange. Le tout est couronné par l’organisation de manifestations sportives à échelon national, ceci au rythme annuel, et international,, avec des rendez-vous à Luxembourg (1981 et 1989) et à Walferdange (1984 et 1987). La phase de sensibilisation bat son plein et l’entourage des personnes handicapées mentales accepte de plus en plus cette pratique du sport. Les infrastructures, piscines et halls sportifs, s’ouvrent pour cette clientèle inhabituelle. De plus en plus de centres spécialisés se joignent à cette idée. Avec un plus grand nombre d’intéressés, les activités se multiplient et se diversifient: sports d’hiver, vélo, natation, football, tennis de table, badminton, athlétisme. Les déplacements à l’étranger se suivent régulièrement et mènent ces “ nouveaux sportifs ” à Versailles (JOS), à Nivelles (JOE), à Heidelberg, à Madrid et à l’Ile de Wight (SO). L’association gagne rapidement des galons, et l’ALPAPS, encouragé par le Ministre de l’Education Physique et des Sports, Emile Krieps, opte dès 1982 pour le statut de fédération. Suite à l’agrément du Ministre, et à l’admission définitive au C.O.S.L., en 1985, l’ALPAPS devient membre à part entière du monde sportif luxembourgeois.

Un nouveau coup de pouce Avec la mise à disposition du hall sportif du Lycée technique Michel Lucius, l’ALPAPS reçoit enfin un domicile sportif. Un fait, qui marquera l’évolution future du sport pour handicapés mentaux au Grand-Duché. Les entraînements s’intensifient et se concentrent sur la capitale. Et le nombre des participants ne cesse d’augmenter. Une autre date importante est celle de l’adhésion officielle au mouvement mondial “ Special Olympics” en 1990. Une année plutôt, Frank Hayden, impressionné par le bon niveau et la grande variété des activités physiques et sportives pour handicapés mentaux à Luxembourg, a motivé les responsables de l’ALPAPS à tenter ce pas. De toute façon, les vues entre ces deux organismes sont très proches.

Avec une identité propre, mais une philosophie similaire, rien ne s’oppose à une telle adhésion. L’ALPAPS, qui porte depuis aussi la dénomination “SPECIAL OLYMPICS LUXEMBOURG ” accède de suite au niveau 3 de l’accréditation mondiale. Une participation au concert international qui sourit au satellite luxembourgeois. Depuis la présence en 1990 aux European Special Olympics Games à Glasgow et en 1991 aux International World Summer Games de Special Olympics à Minneapolis, la motivation des sportifs et des personnes d’encadrement prend un immense envol. La fréquence des séances d’entraînement double et permet un perfectionnement technique des athlètes ayant atteint un certain niveau. Mais aussi les entraîneurs se forment auprès de leurs collègues européens. Les nombres des entraîneurs sont croissant, une nécessité absolue, vu l’énorme engouement des athlètes. Une vitalité sans pareille La participation aux Special Olympics World Winter Games à Schladming en mars 1993 et la formidable médiation, qui en suit, assurent une certaine reconnaissance parmi le monde sportif et le grand public. De part et d’autres fusent les demandes de participation à des fêtes sportives organisées par des clubs, jusque-là non accessible aux handicapés mentaux. Le modèle d’intégration pratiqué depuis la création de l’ALPAPS, lors de certaines éditions du Challenge Camille Dupont et surtout lors des séjours de sport d’hiver, trouve sporadiquement application lors des manifestations organisées par la LASEP. Parmi bien d’autres, il y a aussi lieu de citer l’exemplaire collaboration avec le club gymnaste Espérance Esch à l’occasion de son "Gala de l’Espérance” en 1994. Les donateurs se font plus nombreux et en espace de quelques semaines deux contrats de sponsoring sont signés avec GT-OTIS et PEP.

C’est un tournant dans la vie du programme luxembourgeois, qui n’est plus resté insensible aux nouvelles tendances qui s’appellent “Sport unifié” et “MATP”. Et justement, le Luxembourg prend de l’avance dans ces domaines sur d’autres pays, avec l’organisation du premier tournoi de football unifié, où athlètes (handicapés mentaux) et partenaires (valides) concourent dans une et la même équipe. La manifestation de juin 1994 à Ettelbrück est un plein succès, avec notamment le soutien actif de la FLF et sert de modèle à Special Olympics. Dans ce concert, le Luxembourg est de plus en plus reconnu avec l’accession au niveau 2 de son programme et l’élection de plusieurs de ces dirigeants dans des instances internationales et européennes. La panoplie des activités va en grandissant et on s’occupe de basket-ball (tournoi européen en 1996) et de gymnastique (rencontre européenne en 1997), de MATP, un programme d’activités pour les plus handicapés, (rencontre européenne en 1997). Tout avance si vite, et rappelons-le, l’ALPAPS fonctionne encore toujours par le seul bénévolat. Difficile de relever tous les rendez-vous de ces dernières années, citons seulement les plus importants avec les Jeux Mondiaux de New Haven (1995), de Toronto/Collingwood (1997), Raleigh/North Carolina (1999), Anchorage/Alsaka(2001), les Jeux Européen à Groningen (2000) mais aussi la Conférence européenne de Special Olympics en septembre 1997 au Kirchberg. Un congrès, qui a accueilli de nombreuses personnalités à l’instar de S.A.R. le Grand-Duc Jean, par ailleurs doyen du C.I.O., et la Grande-Duchesse Josephine-Charlotte, de Sargent Shriver, mari de la fondatrice de Special Olympics Eunice Kennedy-Shriver. Dans son message, le Ministre de l’Education Physique et des Sports, Alex Bodry, félicite l’ALPAPS et ses dirigeants pour l’excellent travail qu’ils effectuent avec efficacité et discrétion au niveau national dans l’intérêt de leurs membres, tout en promettant un concept global et cohérent d’une politique d’insertion pour les personnes handicapées. “Il devrait être possible de garantir à tous, les handicapés inclus, l’accès aux différentes pratiques physiques et sportives, d’en tirer profit, et partant de permettre ainsi leur intégration totale dans les structures sportives normales”. En 1998, c’était l’apothéose des évènements au Luxembourg avec l’organisation de la deuxième édition des “Special Olympics Small Nations Games”, une manifestation qui a accueilli quelques 400 athlètes venant de 9 petits pays d’Europe. Depuis lors le niveau ne cesse d’augmenter, aussi bien au niveau des entraînements pour les athlètes, qu’au niveau des entraîneurs. Fin 1999, lors de l’assemblée générale, une nouvelle ère a commencé. En fait le dernier membre fondateur, le Président Roger Linster, après avoir dirigé la Fédération de mains de maître pendant 20 ans à pris la retraite et à passé le flambeau à Marc Feltgen, membre du conseil d’administration depuis 1983 et Directeur National depuis 1995.

La succession va être difficile, mais il est sur que la direction montrée par Roger Linster va être poursuivie pendant les prochaines années. Sous l’impulsion du nouveau Président (et de son équipe du Comité), qui depuis octobre 2001 est aussi président du EELC (European/Eurasian Leadership Council) de Special Olympics International, le nombre d’athlètes ne cesse d’augmenter. Actuellement plus de 400 athlètes s’entraînent plus ou moins régulièrement lors des séances hebdomadaires d’entraînement Olympics Luxembourg. Aussi de nouvelles initiatives apparaissent et avec l’aide des entraîneurs deux de nos sports sont intégrés dans les Championnats des Fédérations respectives : basketball unifié (voir plus haut) et gymnastique. Après de bons résultats en 2002 au niveau européen (Natation à Monaco et Basketball à Moscou) ainsi que l’organisation d’un tournoi européen de tennis de table au Luxembourg, l’année 2003 a vu la participation d’une équipe forte de 55 personnes aux XI Spécial Olympics World Summer Games à Dublin. Les sportifs luxembourgeois sont rentrés avec d’excellent résultats. L’année 2003 était aussi l’année européenne des personnes handicapées, et beaucoup de fédérations et clubs sportifs ont approché Special Olympics Luxembourg pour une participation intégrée des sportifs handicapés. Un deuxième grand changement, après 1999, s’opère fin 2003. Non seulement la Présidence est reprise par le Dr Anik Sax, mais un Conseil d’Administration est instauré comme organe consultatif du Comité exécutif. Un certain nombre de personnalités dans plusieurs domaines ont répondu positivement à l’appel des membres du comité exécutif. L’année 2004 est l’année du 25e anniversaire. Une grande fête d’anniversaire est organisée pour tous les membres. Des manifestations sportives dans tous les sports sont organisées, même si la grande Fête sportive à la Coque n’a que partiellement lieu, faute de participants. Le Tournoi de Football européen qui accueille quelques 350 sportifs et entraîneurs de 20 pays reçoit de nouveau les éloges de Special Olympics Europe. Prix Korczak 2005 Le travail de longue haleine des bénévoles de Special Olympics est récompensé par la Fondation Kannerschlass Suessem. En effet, tous les acteurs de Special Olympics (dirigeants, entraîneurs, accompagnateurs) agissent sans toucher la moindre indemnité.